Au petit matin, quand la marée laisse un tapis de sable ferme, Zarautz est déjà éveillée. Une poignée de surfeurs entre dans l’eau sans se presser, les promeneurs ouvrent la journée sur la promenade, et, au loin, se dessine le « souris » de Getaria. C’est ainsi que bat le cœur de cette ville de Gipuzkoa, à 20 kilomètres de Saint‑Sébatien : tournée vers la mer, un pied solidement ancré dans la tradition. Dès la première visite, on comprend son surnom de « reine des plages » : un immense ruban de sable, un front de mer qui ne dort jamais et l’impression que l’océan, ici, donne l’heure.

Que voir à Zarautz, à pas tranquilles et à pied
La plage de Zarautz est la porte d’entrée et son grand emblème. 2,5 kilomètres de sable fin, la plus longue plage d’Euskadi, avec de l’espace pour les familles, les écoles de surf et les longues balades au crépuscule. À marée basse, tout devient plus large et accueillant ; à marée haute, les vagues viennent mordre près de la promenade et le spectacle se regarde au premier rang. Le long de la promenade maritime, belvédères, aires de jeux, piste cyclable et parcours de sculptures se succèdent. Bancs tournés vers le soleil, terrasses, kiosques et un va‑et‑vient qui, l’été venu, ne s’éteint presque jamais. Vers l’ouest, le chemin côtier, plat, invite à rejoindre Getaria avec le Cantabrique à gauche et les vignes sur les coteaux ; vers l’est, le sable se fond dans le paysage protégé d’Iñurritza.
Le centre historique garde le pouls marin et plusieurs édifices remarquables. La Torre Luzea (XVe siècle) est l’une des plus belles maisons‑tours gothiques du territoire ; en face, la Casa Portu — aujourd’hui l’Hôtel de Ville — rappelle la puissance des anciens palais urbains. L’église Santa María la Real, d’origine gothique, s’articule avec un clocher‑tour et des vestiges archéologiques ; la fraîche pénombre de la nef est une halte bienvenue les jours de soleil. En front de mer, le palais de Narros (XVIe siècle) évoque l’âge d’or des villégiatures aristocratiques : même Isabelle II y fit halte, et sa silhouette, sobre et élégante, domine toujours le littoral urbain.
Zarautz regarde aussi vers la modernité. Le Photomuseum propose un parcours vivant à travers l’histoire de la photographie et du cinéma — parfait pour un jour gris —, et Sanz Enea, transformé en maison de la culture et bibliothèque, anime l’agenda local avec expositions, clubs de lecture et activités familiales. Pour sentir la vie quotidienne, rien ne vaut un tour au marché (Merkatu Plaza), où poisson, légumes des fermes, fromages et cidre se partagent l’affiche. À la première heure, le ballet des paniers et des cagettes raconte la ville mieux que n’importe quel guide.
Un peu d’histoire, à raconter en marchant
La ville s’est développée collée à la mer, entre pêche et commerce, et s’est défendue grâce à des tours médiévales qui subsistent aujourd’hui comme des symboles. Avec les villégiatures aristocratiques du XIXe siècle sont arrivés les petits palais et les premiers bains de mer ; plus tard, le train et les nouveaux loisirs ont fait de Zarautz une destination de vacances. Au XXe siècle, le surf a trouvé ici un terrain de jeu idéal : fond de sable, pics réguliers et promenade toujours animée. Le mélange actuel — tradition maritime, culture basque et vie de plage — est l’héritage de cette évolution.
Nature à portée de pas : dunes, falaises et vignobles
À l’extrémité orientale de la plage s’ouvre le Biotope protégé d’Iñurritza, un ensemble de dunes, marais et falaises traversé par des passerelles en bois. C’est le champ dunaire le mieux conservé de la côte basque — environ 177 200 m² — et un petit paradis pour observer flore et oiseaux sans quitter les passerelles. Les jours de brise légère, le froissement des plantes sur le sable compose une bande‑son qui invite à ralentir.
Au‑dessus de la mer se dresse Talaimendi, avec un sentier facile menant aux vestiges du chargeur de Mollarri (1906), mémoire industrielle perchée sur un balcon naturel avec vues sur Getaria. Une courte excursion aux panoramas immenses : falaises, écume et toits rouges alignés sur le profil du « souris ». Pour dérouiller les jambes à l’intérieur de la commune, l’Anneau vert‑bleu relie, sur un peu plus de 11 kilomètres, patrimoine, forêts et zones humides : idéal pour découvrir la face moins connue de Zarautz. Et, à un quart d’heure en voiture, le Parc naturel de Pagoeta (Aia) ajoute chênaies, anciennes forges et belvédères pour une demi‑journée 100 % nature.
Surf et plage : du bain en famille aux vagues du Cantabrique
Zarautz est un spot classique du Cantabrique. Fond de sable, pics bien dessinés et ambiance surf toute l’année. L’automne et le printemps offrent souvent les séries les plus régulières ; l’été est le moment idéal pour apprendre, grâce aux écoles bien établies le long de la promenade. Conseils simples : si vous débutez, réservez un cours et évitez les marées de vive‑eau ; le moniteur choisira pour vous le meilleur créneau de marée. Les jours solides, regarder les locaux tracer de longues parois est un spectacle en soi. Le reste du temps, la plage devient un parc infini pour courir, pédaler, jouer aux raquettes, faire du yoga sur le sable ou simplement s’allonger face à l’horizon, une glace à la main.
Txakoli et cuisine du produit : la saveur de la côte
La ville fait partie de l’A.O. Getariako Txakolina, un blanc frais, citronné, avec ce petit côté salin qui accompagne à merveille poissons grillés et pintxos. À Zarautz, vous pouvez visiter des caves comme Talai Berri, sur des coteaux ensoleillés avec vue sur la mer ; juste à côté, à Getaria, des maisons comme Gaintza ou Ameztoi complètent la route. L’expérience, entre vignes palissées et brise atlantique, est aussi pédagogique que photogénique.
À table, c’est le produit local qui mène la danse : grills face à la mer, bars à pintxos au centre et cuisines qui savent sublimer la saison. Le Restaurant‑Hôtel Karlos Arguiñano, grand classique en bord de plage, est une valeur sûre pour déjeuner avec vue. Pour la simplicité heureuse : du bonite aux poivrons, du merlu en sauce verte ou une côte de bœuf à la braise racontent mieux qu’un long discours comment on mange ici. Et pour finir, cuajada, pantxineta ou une brioche façon pain perdu qui clin d’œil à la tradition.
Un patrimoine sportif singulier : un golf dans les dunes
À côté de la plage s’étend un historique links 9 trous fondé en 1916, posé sur les dunes. Une rareté dans la péninsule : un parcours au ras du Cantabrique, où le vent dicte la partie et chaque tour est différent. Même sans jouer, observer comment marée et brise transforment le tracé aide à comprendre le lien de Zarautz avec son littoral.
Balades à pied et à vélo : trois idées simples
- Zarautz–Getaria par le littoral : promenade quasi plate, avec rambarde, parfaite pour les familles et les couchers de soleil. Aller‑retour, une marche confortable pour ouvrir l’appétit.
- Montée à Talaimendi et Mollarri : sentier court avec panorama à la clé. À privilégier le matin ou au coucher du soleil, quand la lumière découpe les falaises.
- Vers Orio par la voie verte : itinéraire cyclable bien signalé alternant mer et campagne. Parfait pour une matinée sans stress.
Fêtes et grands rendez‑vous : un calendrier qui met la rue en scène
Zarautz sait célébrer. L’année commence fort avec le Zarauzko Triatloia (épreuve organisée depuis 1987, mi‑juin), qui transforme la promenade en tribune naturelle et la plage en zone de transition. Les 25 et 26 juin, la ville s’embrase avec San Pelaio : coup d’envoi, défilés de tambours, Oilasko Biltzea, géants et une ambiance qui déborde sur toutes les places.
Août apporte l’Aste Nagusia ou Semaine Grande, avec concerts, feux d’artifice et guinguettes ; et, surtout, les traînières : l’Ikurriña de Zarautz réunit les meilleurs équipages du Nord le troisième week‑end d’août. En septembre, les Euskal Jaiak (1er–9 septembre, grand jour le 9) remplissent le centre historique de danses, de trikitilaris, de bertsolaris et de fêtes de village. L’été, la promenade maritime accueille souvent des concerts gratuits qui prolongent la journée jusque tard et offrent des bandes‑sons inattendues aux couchers de soleil.
Art et culture toute l’année
Au‑delà des grandes dates, Zarautz cultive une vie culturelle constante : démonstrations de herri kirolak (sports ruraux), cycles de cinéma, expositions à Sanz Enea, ateliers pour enfants et rencontres littéraires. Les bandes d’amis occupent les places, les chœurs apparaissent à l’improviste lors des fêtes locales, et les sociétés gastronomiques, quoique privées, impriment ce caractère d’une ville où le repas partagé est presque une religion.
Venir et se déplacer
En train, la ligne E1 d’Euskotren relie Zarautz à Donostia–Saint‑Sébatien et à Bilbao (correspondance selon les trajets). En autobus, Lurraldebus dessert la ville par la N‑634 et l’AP‑8. En voiture, on arrive aisément par l’AP‑8 (sortie Zarautz) ou par la panoramique N‑634. Si vous venez en été, arriver tôt aide à trouver une place plus facilement.
Une fois sur place, le mieux est de marcher ou pédaler : la plage et le centre se parcourent à pied, et le chemin côtier donne envie de profiter du vélo. Le relief est doux et les distances, courtes ; on enchaîne aisément emplettes, bain et pintxos sans regarder l’heure.
Climat et meilleure période
Climat océanique doux : étés tempérés (maxima autour de 24–25 °C) et hivers frais (maxima proches de 12 °C). Pour la plage, la période juin à septembre est généralement la plus agréable. Pour un surf plus puissant — et moins de monde —, septembre à novembre offre des journées mémorables ; le printemps répond bien également. En octobre, la lumière dorée sublime les paysages et la mer garde encore une douceur appréciable.
Où dormir
L’offre va des hôtels face à la mer et auberges du centre aux appartements touristiques et campings sur les coteaux avec vues de carte postale. Aux dates clés — été, Aste Nagusia, traînières —, mieux vaut réserver en avance. Si vous cherchez la tranquillité, visez début juin ou fin septembre : l’ambiance reste animée, et la plage gagne en espace.
Un plan sur 48 heures (avec l’envie d’y revenir)
Jour 1. Matinée de promenade et baignade sur la grande plage. Café face à la mer, puis palais de Narros (extérieur) et Photomuseum. Après‑midi centre historique : Torre Luzea, Casa Portu et Santa María la Real. Pintxos à Musika Plaza et balade au soleil couchant jusqu’au début du chemin vers Getaria.
Jour 2. Visite matinale du Biotope d’Iñurritza par ses passerelles. Montée facile à Talaimendi–Mollarri pour profiter des vues. Au retour, dégustation de txakoli en cave ou tour de golf sur le links. Plan B pour jour pluvieux : musées, marché et longue conversation autour d’une table. Final parfait : regarder le soleil tomber sur le « souris » de Getaria.
Avec des enfants et les jours de pluie
Avec des petits, la plage à marée basse devient un parc naturel : châteaux, flaques et longues marches. Les écoles de surf proposent des cours par niveaux, et la promenade, avec ses parcs, garde tout le monde en mouvement. Si le temps se gâte, le Photomuseum, la bibliothèque Sanz Enea et une tournée de pintxos tout doux (croquettes, tortilla, gildas sans piment) sauvent n’importe quel après‑midi.
Conseils utiles
- Iñurritza est un espace fragile : circulez uniquement sur les passerelles et ne marchez pas sur les dunes.
- À Mollarri, le sentier longe des falaises : prudence avec les enfants.
- En été et pendant les fêtes, il est recommandé de réserver hébergements et restaurants.
- Si vous débutez en surf, prenez un cours et évitez les marées de vive‑eau ; demandez à l’école le meilleur horaire du jour.
- Pour vos achats de produits locaux, passez au marché le matin ; l’après‑midi, l’ambiance règne sur les terrasses du front de mer.
Excursions à proximité
- Getaria, par le chemin côtier, pour finir la journée autour d’un turbot grillé.
- Orio, autre bourg marin, terre d’aviron, avec une ria très photogénique.
- Parc naturel de Pagoeta (Aia), entre forêts et anciennes forges.