mardi, 22 juillet, 2025
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Le Nao Santa Ana: Le Trésor Englouti de l’Armada Invincible Retrouvé à Pasaia

Les eaux de la baie de Pasaia, témoins silencieux de siècles d’histoire maritime, ont ramené à la lumière l’un de leurs secrets les mieux gardés. Dans une annonce qui résonne avec l’écho des canons et le fracas des batailles impériales, le Département de la Culture de la Députation Forale de Gipuzkoa a confirmé une découverte archéologique d’une transcendance extraordinaire : les restes de ce que l’on croit être le Nao Santa Ana, le légendaire navire amiral de l’Escadre de Guipúzcoa au sein de la Grande Armada de 1588.

Le Nao Santa Ana

Cette découverte n’est pas seulement celle d’une épave ; c’est la récupération d’un chapitre fondamental de l’histoire de Gipuzkoa et du Pays Basque, une histoire de puissance navale, d’ambition impériale et, finalement, d’une tragédie locale qui est restée immergée pendant 437 ans. Construit dans les chantiers navals de Pasaia et commandé par l’amiral de Saint-Sébastien Miguel de Oquendo, le Santa Ana rentre chez lui, émergeant de la boue pour raconter son histoire.

Une Découverte Sans Précédent : L’Évidence Émerge de la Boue

La découverte est le fruit d’un programme méticuleux et systématique d’archéologie sous-marine qui se développe dans la baie de Pasaia depuis 2021. Lors des campagnes, qui avaient déjà localisé deux épaves du XVIIe siècle, l’équipe de recherche est tombée sur une structure qui a immédiatement activé toutes les alertes. À environ 12 mètres de profondeur, dans la boue du chenal principal du port, gisait une section de quatre mètres de la quille d’un grand navire, construite en bois de chêne robuste.

La clé pour révéler l’identité de l’épave est venue de la science. Deux échantillons du bois de chêne ont été prélevés pour être soumis à une datation au radiocarbone (Carbone-14). Les résultats ont été concluants : la chronologie fournie par l’analyse situe la construction du navire dans la seconde moitié du XVIe siècle. Cette datation correspond parfaitement à la construction du Nao Santa Ana, qui a eu lieu dans les chantiers navals de Pasaia en 1586.

À côté de l’imposante structure de la quille, les archéologues ont récupéré sept boulets de pierre d’artillerie, projectiles sphériques d’un calibre approximatif de 20 centimètres. Ce type de munition est caractéristique des pièces d’artillerie navale de l’époque, ajoutant une couche supplémentaire de preuves qui pointe directement vers un navire de guerre du XVIe siècle.

L’ampleur de la découverte a été confirmée par les voix les plus autorisées. L’archéologue forale Mertxe Urteaga, l’une des expertes impliquées dans le projet, a qualifié la découverte de « dimension historique extraordinaire ». De son côté, la directrice forale de la Culture, Mari José Tellería, a souligné la valeur patrimoniale de la baie elle-même, déclarant qu' »il s’agit d’un véritable site archéologique sous-marin. Ce que nous avons découvert jusqu’à présent – et nous ne faisons que commencer – confirme son énorme potentiel patrimonial ». Ces déclarations ne valident pas seulement l’importance du Santa Ana, mais encadrent la découverte dans un contexte beaucoup plus large de richesse historique submergée sur la côte de Guipúzcoa.

L’Histoire du Le Nao Santa Ana : Fierté des Chantiers Navals de Pasaia

Pour comprendre l’importance de ces vestiges, il faut remonter au XVIe siècle, l’âge d’or de la construction navale basque. Les chantiers navals de Pasaia étaient un fourmillement d’activités, un centre d’innovation technologique reconnu dans toute l’Europe, d’où sortaient les navires qui soutenaient le vaste empire de Philippe II, des flottes commerciales de la Carrera de Indias aux naos baleinières qui s’aventuraient dans l’Atlantique Nord.

C’est dans ce contexte, vers 1586, que le Santa Ana fut construit.2 Ce n’était pas un galion, le type de navire plus stylisé et purement militaire, mais un nao, un navire plus robuste et polyvalent, conçu à la fois pour le fret et le combat. Les sources historiques présentent quelques divergences sur ses dimensions exactes, un fait courant dans la documentation de l’époque.

Certains registres la décrivent avec un déplacement de 690 tonnes, tandis que d’autres, comme ceux de la Real Academia de la Historia, élèvent ce chiffre à une imposante 1200 tonnes, ce qui en ferait l’un des plus grands navires de toute la flotte.10 Elle était armée d’une puissante artillerie, avec des sources citant entre 24 et 47 canons.

Aux commandes de ce formidable navire se trouvait l’une des figures les plus légendaires de la marine espagnole : l’amiral Miguel de Oquendo y Segura. Né à Saint-Sébastien en 1534, Oquendo était un marin aguerri par mille batailles, un vétéran des mers dont l’expertise était si respectée qu’il fut nommé lieutenant général de toute la Grande Armada, second au commandement seulement après le Duc de Medina Sidonia.

Le Santa Ana était son navire amiral, la capitana de l’Escadre de Guipúzcoa, l’une des flottes les plus importantes qui composaient « l’entreprise d’Angleterre ».

Clarification Historique : Les Deux Naos « Santa Ana »

Il est fondamental, pour éviter les confusions historiques courantes, de distinguer le nao du XVIe siècle retrouvé à Pasaia d’un autre célèbre navire espagnol du même nom. L’existence de deux navires importants appelés « Santa Ana » à des siècles différents a souvent conduit à des malentendus. L’analyse des registres historiques permet de les différencier clairement. Le nao d’Oquendo est une relique de l’ère des découvertes et des grandes armadas impériales, tandis que son successeur homonyme représente l’apogée de la construction navale des Lumières.

CaractéristiqueNao Santa Ana (Épave de Pasaia)Navire Santa Ana (Bateau de Trafalgar)
ÉpoqueXVIe siècleXVIIIe siècle
Constructionc. 1586 à Pasaia1784 à El Ferrol
TypeNao (Caraque)Vaisseau de Ligne (3 ponts)
ArmementEnv. 47 canons112 canons
Conflit CléGrande Armada (1588)Bataille de Trafalgar (1805)
CommandantMiguel de OquendoJosé Ramón de Gardoqui 17
DestinA explosé dans le port de Pasaia, 1588Démantelé à La Havane, c. 1816

Cette distinction est cruciale. Le navire qui repose au fond de la baie de Pasaia est le prédécesseur du XVIe siècle, un protagoniste direct de l’épopée et de la tragique journée de la Grande Armada.

La Fin Tragique : Feu et Mort dans le Port de Retour

La campagne de la Grande Armada de 1588 fut un désastre. Après les affrontements dans la Manche contre la flotte anglaise, plus agile et mieux armée, l’armada espagnole fut contrainte à une pénible retraite en contournant les îles britanniques, où les tempêtes de l’Atlantique Nord causèrent plus de ravages que l’ennemi lui-même.

Le Nao Santa Ana, mal en point mais à flot, fut l’un des survivants qui réussit à regagner la côte cantabrique, cherchant refuge dans son port d’origine, Pasaia. Cependant, le destin lui réservait une fin encore plus cruelle. Le 24 octobre 1588, alors que l’équipage s’affairait à décharger le matériel de guerre, une étincelle accidentelle atteignit la sainte-barbe, la poudrière du navire.

L’explosion fut catastrophique. Le formidable navire fut déchiré en morceaux et les restes de son équipage, ainsi que les marins et les ouvriers portuaires qui se trouvaient à proximité, furent projetés dans les airs. Selon les chroniques de l’époque, une colonne de fumée s’éleva du port, visible à des kilomètres à la ronde, et les morceaux de bois enflammés pleuvaient sur les maisons des villages voisins.

La catastrophe fut amplifiée par le fait que le navire transportait une cargaison importante de matériel de guerre et de provisions pour l’armée. On estime que plus de 120 personnes périrent dans l’explosion, dont une partie de l’équipage survivant de l’Armada. Ce fut une fin ignoble et inattendue pour un navire qui avait bravé les tempêtes de l’Atlantique et les tirs de l’ennemi.

Le Défi de la Récupération : Préserver un Patrimoine Unique

La confirmation de l’identité du Nao Santa Ana ouvre un nouveau chapitre d’énormes défis pour l’archéologie sous-marine de Gipuzkoa. La première phase de la recherche a consisté à localiser et à identifier l’épave, mais la véritable tâche commence maintenant : la consolidation et la préservation de ces vestiges d’une valeur historique inestimable.

La profondeur de l’épave, à 12 mètres sous la surface, et le fait qu’elle soit enfouie dans la boue du chenal principal du port, représentent des complications considérables. La boue, bien que protectrice, rend les travaux d’excavation complexes, nécessitant des techniques spécialisées et un contrôle constant des conditions environnementales. L’état de conservation des vestiges sera un facteur clé pour déterminer la faisabilité et l’ampleur des opérations de récupération futures.

À long terme, la Députation Forale de Gipuzkoa envisage de créer un Centre d’interprétation du Patrimoine Maritime et de la Construction Navale Basque, qui pourrait accueillir les vestiges du Nao Santa Ana une fois qu’ils auront été récupérés et restaurés. Un tel centre permettrait de diffuser la riche histoire navale de Pasaia et de rendre hommage aux marins, aux constructeurs de navires et aux navigateurs qui ont fait du Pays Basque une puissance maritime mondiale pendant des siècles.

La découverte du Nao Santa Ana n’est pas seulement un événement archéologique ; c’est une connexion vivante avec le passé, un rappel de l’âge d’or de la construction navale basque et des vicissitudes de la Grande Armada. La baie de Pasaia, avec ses eaux calmes, a rendu l’un de ses secrets les plus chers, nous invitant à explorer une fois de plus la profonde empreinte que la mer a laissée sur l’histoire et l’identité de Gipuzkoa et du Pays Basque.

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