vendredi, 25 juillet, 2025
InicioTourismeDonostia décor de cinéma : un voyage (à mi‑chemin) à travers les...

Donostia décor de cinéma : un voyage (à mi‑chemin) à travers les films et séries tournés à Saint‑Sébastien

Il suffit d’effleurer la barandilla de La Concha un soir d’embruns pour comprendre pourquoi Saint‑Sébastien (Donostia) attire les caméras depuis des décennies. La ville sait être à la fois carte postale élégante, plateau caméléon et personnage à part entière. En la parcourant film après film, on voit défiler Hollywood, les coproductions franco‑espagnoles, la renaissance du cinéma basque en euskara, la télévision et, tout récemment, le regard amoureux de Woody Allen. Voici, en version condensée à la moitié de notre article original, le récit de cette complicité entre Donostia et l’écran.

films et séries tournés à Saint‑Sébastien

Aux origines : glamour hollywoodien et premières passerelles franco‑espagnoles

Le cinéma découvre très tôt la douceur aristocratique de la baie. En 1936, Marlene Dietrich et Gary Cooper traversent la Playa de La Concha dans Desire (Désir), et le Hotel Londres se voit rebaptisé « Continental Palace » : Saint‑Sébastien s’offre alors en décor de luxe, presque en clin d’œil, mais le charme est posé. Deux décennies plus tard, la ville devient un terrain de jeu idéal pour les coproductions franco‑espagnoles. Dans Le Chanteur de Mexico / El cantor de México (1956), le ténor basque Luis Mariano chante face à la mer : la terrasse du Londres, la Playa de Ondarreta grimée en Acapulco, le Paseo de La Concha… Donostia se déguise, montre sa capacité à être « ailleurs » tout en restant immédiatement reconnaissable pour qui la connaît.

Cette veine franco‑espagnole se prolonge avec Díselo con flores (1974), tournée par le Français Pierre Grimblat. La villa Miraconcha, aujourd’hui disparue, y joue les maisons de cinéma : ironie du sort, la pellicule conserve à jamais ce que la ville a perdu. Entre les deux, l’Espagne des années 50 et 60 transforme Donostia en scène estivale idéale : Luna de verano (1959) fait déambuler Fernando Fernán Gómez le long de la barandilla ; Los ojos perdidos (1967) y installe un romantisme de guerre ; et, dans une tout autre direction, la superproduction britannique Battle of Britain (1969) convertit l’Avenida de la Libertad en rues londoniennes sous la Blitz. Ici, Saint‑Sébastien n’est plus elle‑même : elle joue, sans l’avouer, une autre capitale européenne. Le cinéma vient ainsi chercher sa beauté et sa plasticité.

Dans les mêmes années, le ton devient plus léger : Pierna creciente, falda menguante (1970) immortalise le mirador d’Igeldo avec la chanson entêtante « La mar está fresquibiris », tandis que Papillon (1973), avec Steve McQueen et Dustin Hoffman, tourne tout près, à Hondarribia – preuve que la péninsule basque dans son ensemble se prête aux rêves de cinéma internationaux, même quand Donostia, elle, reste en coulisses.

De la Transition aux années 90 : Donostia cesse d’être carte postale et devient personnage

Avec la Transition espagnole, un mouvement inverse se produit : la ville renonce au vernis et se montre telle qu’elle est. Dans La fuga de Segovia (1981), Imanol Uribe reconstitue l’évasion de 1976 : les forêts d’Artikutza, territoire communal de Saint‑Sébastien, incarnent d’autres montagnes, plus lointaines ; Donostia se camoufle à nouveau, mais cette fois au service d’un récit politique et historique.

Quelques années plus tard, Montxo Armendáriz signe avec 27 horas (1986) un portrait cru de la jeunesse donostiarra plongée dans la drogue. Antonio Banderas et Maribel Verdú traversent des rues ordinaires, des places humides, des immeubles sans carte postale : c’est le visage social de Donostia qui affleure, récompensé par une Concha d’Argent au festival local. L’euskara s’invite ensuite au premier plan avec Ander eta Yul (1989), road‑movie libre et générationnel qui vaut à Ana Díez le Goya de la meilleure réalisatrice débutante : ici, la ville est une étape émotionnelle, traversée, respirée, plus que contemplée.

Dans les années 90, une nouvelle voix s’impose : Julio Medem. Avec La ardilla roja (1993), il filme presque entièrement Saint‑Sébastien, en faisant des paysages marins et du mont Igeldo autant de métaphores des tempêtes intérieures de ses personnages. Le film est célébré à Cannes, et Donostia gagne l’aura d’un théâtre psychologique. À l’opposé, Daniel Calparsoro explore la face industrielle et nocturne de la ville avec Pasajes (1996) et A ciegas (1997) : pont María Cristina, zones portuaires de Pasaia, docks et béton… le cinéma basque affirme que sa capitale n’est pas qu’une baie parfaite. Et pendant ce temps, une comédie comme Sí, quiero… (1999) se permet le luxe d’être tournée intégralement à Donostia, comme pour rappeler que la ville peut aussi jouer la légèreté, sans se renier.

XXIᵉ siècle : pluralité de tons, essor du cinéma basque… et déclaration d’amour de Woody Allen

Le nouveau millénaire confirme cette diversité. Pablo Malo filme Frío sol de invierno (2004) et décroche un Goya : le drame passe par les rues du quotidien. Puis Jon Garaño et José Mari Goenaga propulsent l’euskara au premier plan avec 80 egunean (2010) et Loreak (2014). Dans la première, deux femmes se retrouvent à l’automne de leur vie, au cœur d’une ville qui devient écrin discret de leur émotion ; dans la seconde, des bouquets anonymes changent des destins, et l’ordinaire de Donostia – ses carrefours, ses bureaux, ses appartements – acquiert une poésie mélancolique. Loreak deviendra la première œuvre en euskara nominée au Goya du meilleur film.

En parallèle, Fernando Franco tourne La herida (2013) entièrement en ville : la caméra suit Marian Álvarez dans une Donostia urbaine, grise, sans fioritures ; l’actrice remporte la Concha d’Argent et deux Goya. Dans un autre registre, le succès populaire Ocho apellidos vascos (2014) joue avec les clichés et, tout en situant l’intrigue ailleurs, glisse des regards complices vers le Pays basque – Mondragón devient bar sévillan, le spectateur local s’en amuse.

Viennent ensuite Negociador (2014) de Borja Cobeaga, qui plante ses scènes dans l’élégant Hôtel Villa Soro, Embarazados (2016) de Juana Macías, comédie romantique presque entièrement donostiarra, et Amama (2015) d’Asier Altuna, qui oppose Artikutza à la ville, la forêt à la modernité. Les enfants grandissent avec Zipi y Zape (2013 et 2016), où Artikutza, le mont Ulia, le fort d’Ametzagaina ou le phare de la Plata deviennent autant d’îles et de repaires imaginaires. Kalebegiak (2016) rassemble douze courts signés par douze réalisateurs : Saint‑Sébastien y est regardée de face, quartier par quartier, comme si la ville prenait enfin la parole.

La même année, Operación Concha (2017) tourne pendant le Festival et en détourne les codes. Et alors que Handia (2017) raconte la vie du Géant d’Altzo principalement en milieu rural, le film – dix Goya – exprime surtout l’excellence technique de l’industrie donostiarra : studios, effets, post‑production, talents. Donostia n’est plus seulement un décor : elle fabrique du cinéma.

Puis, en 2020, Woody Allen pose sa caméra pour Rifkin’s Festival, véritable déclaration d’amour à la ville. Pendant 45 jours, le réalisateur arpente La Concha et sa barandilla, le Peine del Viento, le Théâtre Victoria Eugenia, le Musée San Telmo, le Palais Miramar, l’Aquarium, le María Cristina, le Kursaal… Donostia joue Donostia, et le spectateur, guidé par la nostalgie cinéphile d’Allen, découvre que la ville n’avait jamais été filmée avec tant de proximité et de tendresse. Le film ouvre le Festival de 2020 : la boucle est bouclée.

Les séries : quand Donostia entre dans les salons (et sur les plateformes)

La télévision et le streaming ont démultiplié l’impact de cette géographie filmée. Patria (HBO, 2020), adaptation du roman de Fernando Aramburu, tourne et nomme Saint‑Sébastien : Avenida de la Zurriola, Boulevard, Parte Vieja (31 de Agosto, Plaza de la Constitución), cimetière de Polloe… La série est pré‑projetée intégralement au Festival, comme pour signifier que Donostia est l’endroit légitime où confronter cette mémoire douloureuse. La línea invisible (Movistar+, 2020) recrée quant à elle le Saint‑Sébastien de 1968, celui des premiers attentats d’ETA, avec voitures d’époque et rues méticuleusement mises à nu.

À l’autre extrême, la comédie Allí abajo (Antena 3, 2015‑2019) surfe sur le succès d’Ocho apellidos vascos et propose une Donostia lumineuse, carte postale : Aquarium, Palais Miramar (déguisé en clinique), mont Igeldo, Zumaia… Les spectateurs de toute l’Espagne associent alors ces images à la douceur “du Nord”. De leur côté, Bienvenidos a Edén (Netflix, 2022) et El internado: Las Cumbres (Prime Video, 2022) utilisent la gare routière, la Parte Vieja, le Palais Miramar, l’ancien réservoir d’Ulia ou encore la librairie Lagun : le thriller adolescent trouve dans Donostia une élégance discrète. Enfin, Balenciaga (Disney+, 2023) revient sur la Belle Époque et prouve combien la ville peut encore se transformer en époque. Et même si Game of Thrones n’a pas tourné intra‑muros, ses décors voisins (Gaztelugatxe, Zumaia, Barrika) ont fait de Donostia une base logistique et touristique pour des fans du monde entier : les dragons ne sont pas passés par ici, mais les spectateurs, eux, oui.

Donostia de cinéma : marcher dans la ville comme on feuillette un storyboard

On peut tracer son propre itinéraire en suivant ces films : monter au mont Igeldo pour entendre résonner « La mar está fresquibiris », s’asseoir sur un banc du Paseo Nuevo et rejouer les dilemmes sentimentaux de Rifkin’s Festival, flâner dans les ruelles humides de Gros27 horas a saisi la jeunesse des années 80, ou bien entrer dans le María Cristina et imaginer les complots d’Operación Concha. On peut aussi quitter le centre, se perdre dans la forêt d’Artikutza, et penser que là, entre les feuilles détrempées, s’est écrite une page du cinéma politique basque, de La fuga de Segovia aux contes sombres de Backwoods.

Saint‑Sébastien a appris à être tout à la fois : un décor de tournage pour le monde entier, une matière narrative pour ses propres réalisateurs, et une usine de cinéma capable de fabriquer des œuvres multi‑primées. Elle a accepté d’être trompe‑l’œil quand l’histoire le demandait, document quand la mémoire l’imposait, et carte postale lorsqu’il fallait tout simplement séduire. C’est peut‑être pour cela que, face à la barandilla, on croit parfois entendre un « Moteur… Action ! » porté par le vent de l’Atlantique : la ville n’attend que notre regard pour rejouer la scène.

SUBSCRIBE and
DISCOVER
DONOSTIA

Your adventure in San Sebastián begins here 🌊

We don't spam! Read our privacy policy to learn more.

Entradas relacionadas

DEJA UNA RESPUESTA

Por favor ingrese su comentario!
Por favor ingrese su nombre aquí

San Sebastián
Current weather
Sunrise-
Sunset-
Humidity-
Wind direction-
Pressure-
Cloudiness-
-
-
Forecast
Rain chance-
Wind direction-
-
-
Forecast
Rain chance-
Wind direction-
-
-
Forecast
Rain chance-
Wind direction-
-
-
Forecast
Rain chance-
Wind direction-

POPULAIRES

DERNIERS ARTICLES

DERNIERS COMMENTAIRES