Donostia-San Sebastián interdit de fumer sur ses plages à partir de juin 2026. La capitale du Guipuscoa autorisera également les animaux domestiques en horaire nocturne sur ses plages. La municipalité de Donostia-San Sebastián franchit une étape historique dans son engagement envers la durabilité environnementale et le bien-être citoyen. Cette interdiction de fumer sur les plages répond au grave problème de pollution que représentent les mégots, qui constituent entre 30% et 50% des déchets collectés sur les plages. La modification du règlement d’utilisation et d’exploitation des plages répond à une demande sociale croissante et positionne la capitale basque à l’avant-garde des politiques de gestion côtière en Espagne.

Le département municipal de l’Environnement a lancé un processus participatif pour élaborer cette nouvelle réglementation, dont l’objectif est d’avancer vers « des plages plus saines, conviviales, tranquilles et respectueuses de l’environnement et des animaux », selon les explications de la mairie dans un communiqué officiel.
Donostia interdit de fumer sur ses plages : les mégots, ennemi numéro un
L’interdiction de fumer sur les plages constitue l’une des mesures les plus attendues et aussi les plus controversées de cette réforme. Donostia interdit de fumer sur ses plages en s’appuyant sur des données accablantes qui mettent en évidence le grave impact environnemental du tabac sur les espaces côtiers. Selon une étude réalisée par le centre technologique AZTI, les mégots représentent entre 30% et 50% des déchets collectés sur les plages du Guipuscoa, un chiffre alarmant qui a poussé les autorités municipales à prendre des mesures drastiques.
Chaque mégot peut contaminer entre 500 et 1 000 litres d’eau de mer et libérer des substances toxiques pendant des années, transformant ces petits déchets en une menace significative pour l’écosystème marin. « L’interdiction de fumer sur les plages répond à une sensibilité environnementale croissante et à la nécessité de réduire l’un des principaux déchets polluants du littoral », ont souligné les responsables du Département de l’Environnement.
Cette action trouve son soutien juridique dans la Loi 7/2022 sur les déchets et les sols contaminés, qui habilite expressément les municipalités à réglementer et sanctionner la consommation de tabac sur les plages. Cette réglementation nationale renforce l’engagement municipal envers la santé publique et la protection du milieu marin, alignant Donostia avec d’autres villes espagnoles qui ont déjà franchi le pas vers des plages sans fumée.
Campagne ItsaSOS : plus de 2 200 mégots en une heure
L’ampleur du problème est devenue évidente l’été dernier, lorsque diverses campagnes de sensibilisation ont mis des chiffres sur ce défi. L’initiative ItsaSOS a une nouvelle fois mis en évidence la quantité de déchets qui s’accumulent sur les plages de Donostia, tandis que le « Colillatrón » célébré sur l’emblématique plage de La Concha a offert des données particulièrement révélatrices : une trentaine de participants ont collecté plus de 2 200 mégots en à peine une heure de travail.
Ces actions n’ont pas seulement servi à rendre le problème visible, elles ont également généré un large débat citoyen qui a facilité le consensus nécessaire pour promouvoir l’interdiction. « Nous voulons que nos plages continuent d’être un symbole de qualité environnementale et de bien-être pour tous les habitants de Donostia, et cela ne sera possible qu’avec l’implication collective », a conclu Íñigo García, conseiller délégué à la Diversité, l’Inclusion et l’Environnement.
Plages de Donostia avec animaux : adaptation à la nouvelle loi
La deuxième grande nouveauté du règlement municipal concerne l’accès des chiens aux plages. Avec 17 833 chiens recensés dans la ville, la mairie doit adapter sa réglementation à la Loi 9/2022, du 30 juin, sur la protection des animaux domestiques du Pays basque, offrant une sécurité juridique tant aux propriétaires qu’aux autres usagers des plages.
La nouvelle proposition, qui entrera en vigueur en juin 2026, permettra pendant les mois d’été l’accès des chiens aux plages en horaire nocturne : de 21h00 à 00h00, juste avant le début des travaux de nettoyage avec la machinerie municipale. Cette plage horaire a été soigneusement sélectionnée pour compatibiliser le plaisir des animaux et de leurs propriétaires avec l’usage général des plages et les tâches d’entretien quotidien.
« Profiter avec nos chiens est parfaitement compatible avec le soin de l’environnement et le respect des normes de cohabitation », a souligné García, qui a insisté sur le fait que la mesure cherche l’équilibre entre les besoins des propriétaires d’animaux et le reste de la population. La réglementation, qui s’appliquera toute l’année avec des particularités pour la saison estivale, représente une avancée significative dans la construction d’une ville plus inclusive et respectueuse des droits des animaux.
Adieu aux haut-parleurs sur le sable : bien-être acoustique pour tous
Le troisième pilier de la réforme réglementaire aborde un problème de plus en plus fréquent sur les plages espagnoles : l’utilisation indiscriminée de haut-parleurs, de lecteurs de musique et d’autres dispositifs sonores. Jusqu’à présent, les panneaux informatifs sur les plages de Donostia se limitaient à recommander un usage modéré de ces appareils, mais l’augmentation exponentielle de leur présence a obligé les autorités municipales à établir une norme claire et contraignante.
« Nous voulons des plages où l’on puisse se reposer, converser, lire ou simplement profiter de la mer sans bruits gênants », a souligné le conseiller de l’Environnement. La nouvelle réglementation s’appuie sur l’Ordonnance municipale sur la pollution acoustique, qui interdit l’utilisation d’équipements musicaux ou de sources sonores sans autorisation expresse.
Cette mesure renforce la cohabitation et la tranquillité des usagers, garantissant le bien-être acoustique dans des espaces qui ont traditionnellement été considérés comme des lieux de repos et de déconnexion. La limitation n’affectera pas les événements organisés avec l’autorisation municipale appropriée, mais mettra fin à l’usage individuel et non réglementé d’appareils qui génèrent des nuisances pour les autres baigneurs.
Processus participatif : les citoyens auront leur mot à dire
Le processus de modification du règlement démarrera officiellement ce lundi 20 octobre 2025, avec l’ouverture de la consultation préalable des citoyens. Durant cette phase initiale, toute personne, entité ou collectif pourra présenter ses contributions et suggestions sur les aspects que devrait contempler la nouvelle réglementation d’utilisation et d’exploitation des plages.
Cette consultation préalable a pour objectif fondamental de recueillir des opinions et des propositions avant la rédaction définitive du texte réglementaire, garantissant la transparence et la participation citoyenne dès le début du processus. La mairie a montré son engagement envers un modèle de gouvernance ouverte qui permette aux citoyens de se sentir partie prenante de la construction des politiques publiques qui affectent leur quotidien.
Au cours des prochains mois, différents espaces de participation et de dialogue seront ouverts avec les associations de voisinage, les entités environnementales et les collectifs de protection animale. L’objectif est de construire une réglementation partagée, réaliste et adaptée aux besoins actuels de Donostia, qui bénéficie du maximum de consensus social possible.
Calendrier : tout prêt pour l’été 2026
La mairie de Donostia-San Sebastián s’est fixé un calendrier ambitieux mais réaliste pour achever la procédure de la nouvelle ordonnance. La prévision est que tout le processus administratif et participatif soit complété avant le début de la saison des plages 2026, en juin de l’année prochaine.
Ce délai permettra de développer toutes les phases de la procédure administrative avec les garanties nécessaires : consultation préalable, rédaction du projet, période d’exposition publique, analyse des réclamations, approbation initiale, approbation définitive et publication officielle. Chacune de ces étapes comptera avec des mécanismes de participation qui permettront aux citoyens, aux associations et aux collectifs intéressés de faire parvenir leur voix aux responsables municipaux.
Sanctions en cas de non-respect
La nouvelle ordonnance prévoira un régime de sanctions pour ceux qui ne respectent pas les normes établies. La mairie a rappelé que les infractions seront sanctionnées conformément à la législation en vigueur, bien que les montants économiques des amendes n’aient pas encore été précisés.
Ce qui est clair, c’est la volonté municipale de faire respecter la réglementation une fois qu’elle sera entrée en vigueur. « Cette actualisation réglementaire répond à une demande sociale claire et cherche à améliorer la cohabitation, la qualité environnementale et le bien-être collectif », a signalé Íñigo García, qui a insisté sur le fait que le succès des mesures dépendra de « l’implication collective » de tous les citoyens de Donostia.
Un modèle de gestion côtière pour le XXIe siècle
Avec ces mesures, Donostia-San Sebastián se positionne comme référence dans la gestion durable des espaces côtiers urbains. L’interdiction du tabac sur les plages, la réglementation de l’accès des animaux domestiques et la limitation de la pollution acoustique configurent un modèle intégral qui répond simultanément aux demandes environnementales, de santé publique, de bien-être animal et de cohabitation citoyenne.
Les plages de La Concha, Ondarreta et Zurriola, emblèmes touristiques de la ville et signes d’identité des habitants de Donostia, se préparent ainsi à une nouvelle étape où la qualité environnementale, la durabilité et le respect mutuel seront les piliers fondamentaux. Le défi maintenant est de réussir à ce que les citoyens s’approprient cette transformation et que le modèle participatif promu par la mairie génère le consensus nécessaire pour que les nouvelles normes soient assumées comme propres par toute la communauté.
Le pari de Donostia pour des plages plus propres, plus saines et plus inclusives marque un chemin que suivront probablement d’autres villes côtières espagnoles dans les prochaines années, consolidant un changement de paradigme dans la façon de comprendre et de gérer ces espaces publics si précieux pour la vie urbaine et l’équilibre environnemental.